10 octobre 2013 : vers le sud, vers Antsirabe
C'est par la célèbre nationale 7, la RN7, que nous quittons Tana vers le sud pour rallier l'ancienne ville thermale d'Antsirabe du temps de la présence française.
Nous traversons les villages aux maisons en pisé, typique des hauts plateaux. Ces maisons à un étage de couleur rose orangé me rappellent les tableaux acquis par mes parents il y a soixante ans. Rien ne semble avoir changé.
Chaque village traversé propose ses étals le long de la route et chacun est spécialisé dans un produit particulier : objets en raphia, jouets en bois, imitation de guitares ou de tambours, charbon de bois, légumes, cordes, ...
Bientôt nous arrivons dans un village qui est le centre de fabrication des célèbres cocottes malgaches en aluminium. Dans une cours encombrée, plusieurs ouvriers, torse et pieds nus s'activent pour faire fondre des déchets d'aluminium récupérés un peu partout : vieilles canettes de bière, pièces de moteur. Une fois l'aluminium en fusion, ils le récupèrent dans des godets pour les transporter à l'intérieur de l'atelier. Là d'autres ouvriers fabriquent des moules en sable dans lesquels l'aluminium sera versé. Le tout se déroule rapidement, en silence, dans une grande chaleur avec beaucoup de poussière et sans aucune protection. Je n'ose pas imaginer ce qui se passerait si quelqu'un trébuchait.
Je questionne les ouvriers : ils ne se plaignent pas et gagnent un salaire de misère de moins de 1 euro cinquante par jour travaillé. Le mot misère est un mot qui reviendra souvent au cours de ce voyage.
Nous reprenons la route pour arriver à Antsirabe, capitale des posi-posi (pousse-pousse) : une moitié de ville semble tirer l'autre moitié. Je fais un grand tour à pied dans la ville où tout ressemble à un vieux film tellement les bâtiments qui n'ont été que très peu entretenus, rappellent les années 50/60 et l'époque coloniale. Tout d'abord l'établissement thermal, puis la gare, la cathédrale, l'inévitable avenue de l'indépendance, et l'ancien hôtel des thermes.
J'imagine mes parents arrivant à Antsirabe par la gare, en villégiature ici, se promenant dans les rues, bras dessus, bras dessous, peut-être logeant à l'hôtel des thermes ou prenant un pousse-pousse.