Camino portugais (23/10/2014) : Rencontres - Mealhada - Agueda (24 kms)
Les jours précédents ont été très chauds, aussi avons-nous décidé de partir encore plus tôt pour profiter de la fraîcheur matinale. Le soleil n'est pas encore levé quand nous quittons l'Auberge des pèlerins.
Notre premier arrêt a lieu dans le village d'Alpalhão. La femme qui nous accueille dans son petit café s'adresse à nous dans un français parfait et avec cet accent alsacien si caractéristique. Elle nous confie des brides de sa vie : originaire de Mulhouse, elle a été obligée de venir s'installer ici avec son mari portugais car sa fille, malade, ne supporte pas le climat alsacien. Cette femme porte dans son être une grande tristesse. La crise que traverse le Portugal actuellement n'arrange rien. Nous mettons un petit mot dans son livre d'or et nous repartons avec quelques friandises.
Au détour d'un chemin, un jeune anglais nous rejoint. Sa barbe rousse, son chapeau de paille, son sac qui semble assez hétéroclite, nous amuse. Il se nomme Aaron Leaman et dépose à intervalles réguliers, dans les interstices des murs ou sur des poteaux électriques, des cartes à jouer sur lesquelles il inscrit le message « Looking for eternity » (recherche d'éternité) ! Le personnage est assez singulier. Parti d'Angleterre, il a traversé l'Allemagne, la Hongrie, l'Autriche, l'Italie, la France et l'Espagne pour rejoindre Santagio. Pas le chemin le plus direct ! Toute la conversation que nous avons ensemble n'est qu'un éclat de rire. Mais nous décidons discrètement de prendre nos distances. Notre nouveau compagnon est moins rapide que nous … et un peu collant.
Alors que nous sommes sur une nationale et que la chaleur nous écrase, un homme sort d'un hangar et nous fait de grands signes pour qu'on le rejoigne. Sans un mot, il nous invite à entrer dans son entreprise, une cave à vin, et nous tend à chacun un sac plastique avec une bouteille d'eau fraîche et deux pommes. Ce modeste et sympathique geste nous émeut. Nous nous désaltérons avec bonheur !
Arrivés à Agueda, nous repérons un restaurant un peu stylé dont les prix sont raisonnables. Harnachés de nos sacs à dos, en short, et pas très fringants nous nous présentons au serveur. On nous accepte mais on nous installe dans la salle du bar, certainement pour ne pas effrayer les notables locaux. Le repas est succulent : potage de poisson, daurade grillée avec pommes de terre, choux et carottes le tout accompagné d'une assiette de crudités, vin et café compris. Nous ressortons volontairement par la salle « restaurant » en imaginant une provocation que nous ne mettons pas à exécution. Nous ne savons pas lâcher des vents à la demande !
Nous prenons nos quartiers en sortie de ville au residential Celeste, très correct, et qui en outre offre l'avantage de mettre à disposition des pèlerins une cuisine. Après nos tâches habituelles (lessive, courses, et aération des chaussures et semelles), nous dînons tranquillement sur place même si la cuisine est finalement assez peu équipée.