Kompong Chhnang : les villages flottants (21 & 22 janvier 2018)
C'est à nouveau en bus et avec une étape à Phnom Penh, que je me dirige vers le nord-ouest du Cambodge. La conduite au Cambodge est assez perturbante pour les personnes angoissées. N'oublions pas que nous sommes dans un pays en développement. Ici, aucune des règles habituelles ne sont respectées et les chauffeurs conduisent vite. Que ce soient les stops, les feux rouges, la priorité à droite (n'en parlons pas !), la conduite à droite (pas toujours respectée), tout peut sembler dangereux. Pourtant, je n'ai pas vu un seul accident au cours de mon voyage. En fait, les cambodgiens anticipent énormément les réactions des autres conducteurs. Et le klaxon est abondamment utilisé, non pas pour invectiver mais pour avertir. Le plus spectaculaire est la façon de doubler les autres véhicules. Le conseil à donner pour les passagers sensibles est d'éviter de voyager en mini-vans (petits bus) dont les chauffeurs sont parfois de véritables "trompe-la-mort" et de privilégier les bus "longs" à la conduite plus raisonnable.
Il faut aussi savoir que les horaires sont peu respectés et que les arrêts peuvent être nombreux. Il faut vous attendre à voyager avec une montagne de bagages et éventuellement divers volatiles.
Pour ma part, j'ai toujours été satisfait des services des mini-vans et bus. Mais il est toujours nécessaire de prendre en compte les habitudes locales.
Bref me voilà dans la petite ville de Kompong Chhnang qu'il ne faut pas confondre avec Kompong Cham, à la prononciation voisine. C'est ce à quoi j'ai attentivement veillé pour ne pas me retrouver à 100 km du lieu souhaité. Chaque fois ma prononciation approximative fera mourir de rire les chauffeurs de bus !
Kompong Chhnang est implanté sur les berges de l'immense lac Tonle Sap qui occupe la partie centrale du Cambodge. Ce lac présente une caractéristique unique. Il est relié au fleuve Mékong par une rivière dont le cours s'inverse selon la saison. Lors de la saison des pluies, le Mékong gonfle. La rivière coule alors dans le sens Mékong - Lac et vient ainsi alimenter ce dernier en faisant considérablement monter son niveau. A la saison sèche la rivière coule dans le sens inverse : le lac se déverse alors dans le Mékong via cette fameuse rivière au cours inversé.
Sur le lac Tonle Sap, je vais aller visiter des villages flottants. C'est pratique d'avoir une maison qui monte et descend en fonction de la hauteur du lac ! L'embarcadère est sommaire et comme partout dans ce pays pauvre, le sol est jonché de déchets en plastique. Pourquoi tant de pollution ? La réponse est dans l'absence de structures communautaires : absence de service de ramassage des ordures, absence de déchetterie, absence de service de traitement des eaux, et absence d'éducation de la population.
La petite barque de ma jeune navigatrice se faufile entre les humbles "maisons-cabanes" construites sur des radeaux. Nous nous arrêtons chez elle où avec son père, elle m'offre une part de gâteau au riz et un verre d'eau. Ils sont 6 à vivre ici dans une surface que j'évalue à guère plus de 20 m². Elle ne veut pas d'enfant dans l'immédiat car elle m'explique que cela ferait une bouche supplémentaire à nourrir. Comme tous les cambodgiens elle est souriante. La visite du village en barque se poursuit. Il y a dans certaines "maisons" de nombreux enfants. Les plus petits sont équipés de gilet de sauvetage pour parer une chute dans l'eau.
Sur le côté de chaque "maison", une petite annexe sert de WC. Les déjections tombent directement dans le lac. Ce qui n'empêche pas les habitants de faire leur vaisselle ou de s'y nettoyer et s'y rincer.
Le village est parcouru par de nombreuses barques qui, remplies jusqu'à ras bord, font office d'épicerie. D'autres servent pour le transport en commun des habitants. Une des "maisons" fait office de salle des fêtes.
Un village normal, sauf qu'il est sur l'eau !