Shikoku : pélerinage des 88 temples (4 & 5 novembre 2017)
De bon matin, et après une nuit chez la très sympathique Madame Sakura, nous prenons le train avec quelques autres pèlerins pour gagner le premier des temples du pèlerinage dit des "88 temples".
Quelques explications. Nous aimons marcher avec notre sac à dos et nous avons déjà parcouru quelques centaines de kilomètres sous d'autres latitudes. Aussi l'idée de faire une partie de ce chemin de pèlerinage nous ravit car non seulement elle nous permet de nous défouler mais en plus elle va nous faire appréhender un Japon inconnu et peu fréquenté.
Le pèlerinage des 88 temples fait au total 1200 kilomètres. Pas question d'en faire la totalité mais au moins quelques étapes. Il permet de cheminer de temple en temple en faisant le tour de la grande île de Shikoku.
Il est parfaitement admis que les pèlerins japonais visitent les temples à pied mais aussi en voiture ou en bus. En cela, l'esprit de ce pèlerinage est beaucoup plus tolérant que le pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle.
Il est d'usage que les pèlerins, appelés "henro", soient vêtus de blanc, aient un bâton, un chapeau de paille les protégeant de la pluie et du soleil, et une besace légère avec le strict minimum, dépouillement oblige.
C'est pourquoi nous verrons régulièrement des pèlerins sortir de leur voiture devant les temples et revêtir les habits du parfait henro. Pour notre part, même si nous n'avons pas l'habit adéquat, nous tracerons notre route à pied.
Dans chaque temple, il est d'usage de faire calligraphier par un moine un petit carnet qui atteste la visite ... et qui au passage est facturé chaque fois 300 yens.
Nous cheminons donc de temple en temple et les visitons en prenant tout notre temps. C'est ainsi que nous arrivons en soirée au 6ème temple, Anraku-ji. Nous décidons de passer la nuit dans ce temple. A l'accueil un jeune moine nous fait immédiatement payer (et c'est pas cadeau ! mais "business is business") et nous informe des règles du lieu : petit déjeuner à 6h30, pas de douche le matin (?!), départ au plus tard à 8h30. Il nous demande également si nous souhaitons assister à l'office du soir. Nous remplissons alors une liste de vœux, genre "paix et amour sur la terre", et on nous fournit divers "trucs" : rameau de camphier, bougie, plaquette en bois avec nos noms, etc ...
Le monastère s'apparente plus à un hôtel moderne qu'à un lieu traditionnel. Il y a un ascenseur, le wifi et les moines ont apparemment des belles "bagnoles" et des montres de prix. J'ai dormi dans beaucoup de monastères en France, en Italie, en Espagne, au Népal. Autres cieux, autres traditions. Mais bon, il faut bien vivre avec son temps !
Le soir venu, nous nous rassemblons et pénétrons avec le prêtre dans le temple. Au cours de l'office assez court, le prêtre psalmodie des chants puis nous conduit derrière l'autel, le long d'un "ruisseau" artificiel sur lequel nous déposons nos bougies allumées, nous plantons nos rameaux de verdure et jetons au feu nos planchettes. Voilà c'est fini !
Le lendemain matin, à 6h25 très précisément, un haut parleur situé dans notre chambre braille qu'il est l'heure du petit déjeuner (du moins, c'est notre traduction !). Dans la salle à manger nous nous installons à deux places libres mais on nous déplace pour nous mettre à l'écart des autres pèlerins. C'est vrai que nous sommes plus des randonneurs que des pèlerins. Il est 8h et sans avoir pris de douche nous repartons.
Pendant notre seconde journée de marche, et alors que nous sommes au 10ème temple, nous décidons d'un commun accord d'arrêter la randonnée. La marche le long des routes ne présente pas un intérêt considérable, nous avons déjà visité un nombre important de temples, et voulons profiter de notre séjour au Japon pour visiter Hiroshima. En plus nous avons séjourné dans un monastère. Le contrat est rempli. Alors fin du pèlerinage et en route vers de nouvelles aventures !