Transsibérien en 3ème classe de Vladivostok à Khabarovsk (du 18 au 20 septembre 2018)
Pas de panique ! Personne ne parle anglais, tout est écrit en cyrillique. Mais finalement il est assez facile de repérer le train par son numéro, son horaire ainsi que trouver le numéro du quai. Et puis avec quelques gestes et quelques sourires, nous parvenons toujours à obtenir la sympathie de nos interlocuteurs et les renseignements souhaités.
Le train nous attend. A la porte de chaque wagon, les responsables du wagon (Provodnista si ce sont des femmes, ou Provodnik si ce sont des hommes) accueillent les passagers à la porte pour contrôler très scrupuleusement les passeports et les billets. Ensuite ils consultent leur liste-papier et scannent le billet. Ouf! on ne rentre pas par hasard dans le train.
Le Transsibérien offre 3 classes de confort. Nous n'avons pas goutté la première classe dont les compartiments comportent uniquement deux couchettes et certainement quelques autres avantages. Mais ce n'est pas l'idéal pour rencontrer les Russes !
En deuxième classe, que nous utiliserons ultérieurement, les compartiments sont fermés par une porte et offrent quatre couchettes : deux en bas, deux en haut.
Cette nuit, nous voyagerons en troisième classe qui n'a pas de compartiment fermé. C'est en fait un wagon-dortoir : des rangées de quatre couchettes d'un côté du couloir et une rangée de deux de l'autre côté. Toujours avec des couchettes hautes et basses.
En général, la couchette du bas est utilisée comme banquette dans la journée et pour s'asseoir lors des repas. Si vous avez un couchette du bas, il faudra imposer votre loi pour que les autres voyageurs ne squattent pas votre "lit". Mais il est nécessaire aussi de la laisser libre pour qu'ils puissent manger. Nous avons rencontré un couple de français qui ayant choisi les banquettes du haut n'a jamais osé s'asseoir sur la banquette du bas. Les Russes n'ont pas de tels scrupules. Pour notre part nous n'avons jamais eu de difficultés avec nos compagnons qui ont toujours été absolument respectueux et discrets.
Il en est de même pour l'occupation de la tablette située entre les banquettes. Il faut marquer une frontière pour éviter de se faire envahir !
Le transsibérien est très ponctuel tant au départ qu'à l'arrivée. Nous constaterons que plus nous progressons vers Moscou, plus les trains seront récents et confortables.
Dans le wagon, la provodnista joue un rôle essentiel. A la fois contrôleuse, femme de ménage, et garante de la bonne tenue du wagon, elle s'active en permanence. Elle nettoie les toilettes, passe l'aspirateur dans le couloir, surveille le samovar, vient vous réveiller lorsque votre étape est nocturne, vend des petits en-cas, distribue le linge de lit. Il n'est pas inutile d'être en bons termes avec elle !
Après le départ, la provodnista viendra immédiatement vérifier que vous occupez bien la couchette qui vous a été attribuée. Elle en profitera pour prendre votre billet (sauf si c'est un billet électronique) qu'elle vous rendra juste avant l'arrivée, et vous donnera dans un sachet scellé tout le linge nécessaire pour votre lit, soit :
* un drap
* une enveloppe de couette,
* une petite serviette pour la toilette
* une taie d'oreiller
Tout est blanc et parfaitement propre.
Le matelas, la couette et l'oreiller sont déjà sur votre banquette.
Mais avant de faire leur lit, beaucoup de passagers commencent par se mettre en tenue décontractée. Comme le compartiment ne comporte pas de porte, il peut être judicieux d'aller dans les toilettes pour se changer. Le problème est que les toilettes sont de style "soviétique canal historique" et qu'il est recommandé de ne pas laisser traîner par terre vos vêtements. Ainsi les passagers vont se promener dans le wagon en pyjama, en survêtement, en short, torse nu ou avec un tee-shirt, et toujours en tongs. C'est dans cette circonstance que l'on découvre que les nuisettes sont restées à la mode des années 60.
La mission suivante consistera à faire son lit et nécessitera pas mal de contorsions, surtout si vous occupez celui du haut.
Quand tout sera fini et que les affaires personnelles sont sorties des sac à dos, nous rangerons ces derniers sous les banquettes avec nos chaussures.
Finalement tout se fera dans le plus grand calme et sans tumulte.
Selon la durée prévue du voyage, les Russes, et nous par la même occasion, arrivons dans le train avec des provisions de bouche. Plusieurs fois nous embarquerons avec un bidon de 5 litres d'eau minérale, et aussi du pain, des fruits, du café ou du thé, du jambon, du saucisson, des gâteaux secs, des soupes lyophilisées, des conserves, etc ... Inutile de décrire l'encombrement des couloirs. Il est aussi préférable d'avoir des couverts et des bols.
A chaque extrémité du wagon il y a des toilettes. Elles seront fermées avant l'arrivée dans les gares. Du coté de l'entrée dans le wagon, il y a en plus la cabine de la provodnista et surtout un samovar offrant en permanence une eau brûlante et donc "saine". Au cours du voyage, nous ferons de nombreuses visites à cet ustensile essentiel pour boire du thé.
Lors des différents arrêts du train, de quelques minutes à presque une heure, certains passagers descendent alors que d'autres montent. Ceux qui quittent le train, même en pleine nuit, plient le linge de lit et le déposent dans la cabine de la provodnista. Et ceux qui montent font leur lit. Même avec beaucoup de discrétion, cela provoque une certaine animation.
Au matin, le wagon ressemble plus au dortoir d'un pensionnat qu'à un train. C'est assez sympathique.
Contrairement à ce que nous avions imaginé et lu sur le web, les Russes sont discrets et bien élevés. Il n'y a pas de bruit, les passagers discutent à voix basse. L'alcool est interdit à bord, Tout est calme et nous n'avons jamais vu de personne alcoolisée.
Nos compagnons de voyage passent l'essentiel de leur temps à dormir et manger. C'est fou ce qu'un Russe peut dormir !
Certains sont timides et n'osent pas nous aborder. Mais bien souvent, découvrant que nous sommes étrangers, ils nous identifient rapidement comme étant français et viennent nous tenir de longs discours. Nous avons beau leur parler en français et leur dire que nous ne comprenons pas le russe, ils continuent, imperturbables, leurs explications. Ils sont apparemment heureux de voir des touristes. Même les plus jeunes ne parlent pas anglais. Par contre ceux-ci nous demanderont moultes selfies.
Le confort de la troisième classe est moindre que celui de la deuxième classe. En particulier à cause de la longueur de la banquette qui fait que vos pieds dépassent dans le couloir lorsque vous dormez et que les allées et venues nocturnes des passagers vous heurtent et ne manquent pas de vous réveiller.
Pourtant, le voyage en troisième classe est un beau et agréable souvenir, et une façon authentique de côtoyer la population russe.